Maman noire et invisible, le tout premier livre pour femmes enceintes afrodescendantes
Aujourd’hui, c’est la fête des mères. Et l’occasion idéale pour découvrir un livre unique en son genre. Avec Maman noire et invisible : grossesse, maternité et réflexion d’une maman noire dans un monde blanc publié en 2015, Diariatou Kebe a écrit le livre qu’elle aurait aimé lire quand elle est tombée enceinte en 2009. Un témoignage-document sur la maternité d’une femme noire en France, avec ses spécificités raciales et sociales.
Un petit guide de grossesse pour femmes noires
Avec clarté et légèreté, Diariatou distille des conseils documentés aux futures mamans noires, tout en racontant sa propre expérience. Et pourquoi aux femmes noires ? Parce que les guides de grossesse classiques ne sont pas inclusifs et n’abordent jamais les problématiques propres aux femmes afro-descendantes.
Si l’inscription à la maternité ou encore les “trucs bizarres pendant la grossesse”… font partie des galères rencontrées par toutes les futures mères, on ne traite pas forcément des vergetures de la même façon sur une peau noire, par exemple.
Et puis, qu’en est-il du masque de grossesse chez une femme noire ? Comment prendre soin de ses cheveux crépus durant cette période ? Y’a t-il des risques pour le bébé si on souhaite se défriser les cheveux ?
Dans Maman noire et invisible, vous trouverez également une partie consacrée aux soins à prodiguer à un bébé noir et aux soucis post-partum. Comment faire face au baby-blues ? Est-ce qu’on allaite ou pas ? Ou encore, dans le registre humour, comment faire pipi en paix ?
La racisation des femmes enceintes noires
Diariatou Kebe nous invite à faire preuve de prudence vis-à-vis de certaines pratiques médicales réservées aux futures mères noires. Dans les années 70, des migrantes africaines ont été césarisées en masse, car les femmes de type afro auraient un bassin plus petit. Ce qui expliquerait qu’encore aujourd’hui, le taux de césariennes reste deux à trois plus élevé lors d’accouchements de femmes noires. L’auteure nous propose de lire une étude sociologique à ce sujet.
Au delà de cette racisation, les futures mamans noires sont évidemment susceptibles de faire l’objet de remarques racistes de la part de médecins indélicats. Ainsi, une amie de Diaratou s’est vu dire par un gynécologue : “Surtout ne faites pas de douches vaginales lors de votre douche quotidienne parce que, vous les noires, je sais que vous faites ça”.
Être mère d’un enfant noir en France
Durant sa grossesse, la trentenaire s’est également retrouvée face à de grandes questions. Comment vais-je aider mon fils noir à se construire dans un monde blanc ? “L’idée que mon fils puisse être un jour être victime de racisme me donnait la nausée”, déclare t-elle. Quelle future mère d’un enfant noir ou métis vivant dans un pays occidental n’est pas confrontée à cette idée douloureuse ?
D’origine sénégalaise et de confession musulmane, l’auteure réfléchit, avec brièveté et efficacité, sur des sujets d’éducation de la prime importance. Apprendre à son enfant noir à aimer ses différences physiques, lui montrer des représentations positives, l’éduquer sur le racisme et l’islamophobie, lui raconter l’histoire de l’Afrique et des Antilles… Elle fait même une suggestion à l’Éducation Nationale : pourquoi ne pas proposer aux élèves racisés une option sur l’enseignement de leur histoire ?
La jeune mère finit par appeler les femmes noires de France à l’imiter, à parler et créer, pour combler le manque d’informations et de représentation. Et depuis la publication de Maman noire et invisible en 2015, les initiatives ne cessent de fleurir (le Baobab Littéraire, lancé en 2018 par la femme noire trentenaire que je suis, en est un exemple 😊). Notez que Diariatou Kebe a également créé en 2016 l’association Diveka, promotrice de la littérature jeunesse qui met en avant la diversité.
Merci de nous faire toucher du bout des doigts tout un espace de vie que nous n’avons pas forcément pris le temps d’explorer, par ignorance, par naïveté aussi parfois.