The Hate U Give, le roman « Black lives matter » d’Angie Thomas
Qui n’a jamais entendu parler de The hate u give (La haine qu’on donne en français), le best-seller d’Angie Thomas ? Ce roman jeunesse afro-américain publié en 2018 en France, a réussi le pari d’interpeller un public large sur un sujet fort : les violences et les crimes policiers perpétrés dans l’impunité contre les Noirs aux États-Unis.
The hate u give a reçu de nombreux prix littéraires et a fait l’objet d’une adaptation cinématographique en 2019. Alors que le 2e roman d’Angie Thomas, Parée pour percer paraissait en janvier 2020, le Baobab Littéraire tenait à chroniquer le premier.
Ce que raconte The hate u give
Starr, jeune afro-américaine de 16 ans, mène une existence peu commune entre deux univers. Celui de Garden Heights, quartier pauvre et noir gangrené par la guerre des gangs, et celui de son lycée à Williamson, quartier de Blancs aisés.
Les galères du ghetto, elle les connaît. Mais tout bascule complètement le jour où son meilleur ami Khalil, est tué par balles lors d’un banal contrôle de police. Au début, alors que des émeutes éclatent et qu’elle est sous le choc, Starr a peur de parler. Et puis, cette question: “est-ce que justice sera faite pour Khalil ?”.
L’association Juste la justice, qui se bat pour que la police réponde de ses actes, vient à sa rencontre pour lui proposer son aide. Et puis petit à petit, cela devient une évidence : il faut qu’elle prenne son courage à deux mains et qu’elle parle pour tenter de rendre justice à Khalil…
Un roman engagé pour parler aux jeunes Noirs
Dans un style à la fois simple et percutant, sans pathos, Angie Thomas a écrit ce roman pour “les gamins noirs oubliés de la littérature”.
L’élément déclencheur ? L’assassinat d’Oscar Grant, jeune homme noir, à Oakland par un policier en 2009, la bouleverse profondément. Mais aux yeux d’un camarade de sa fac à majorité riche et blanche, ce meurtre n’est pas si grave.
Révoltée, elle commence à écrire une nouvelle inspirée de cette actualité, avec pour héroïne une fille noire tiraillée entre deux mondes, tout comme elle. Et puis face à la recrudescence de violences et de crimes policiers sur de jeunes Noirs dans les années 2010, elle décide d’en faire un roman pour adolescents.
Il en est sorti un roman choc d’utilité publique, prenant, poignant et révoltant. Qui sans oublier l’amour, l’amitié, la solidarité et l’espoir, nous montre bien que le combat du mouvement “Black lives matter” est loin d’être terminé.
On ne peut que le recommander à la jeunesse noire de France, où malheureusement les violences policières envers les Noirs sont aussi une réalité.
“Justice pour Khalil !”
Quelques phrases notables du roman The hate u give.
“J’ai vu ça des tonnes de fois : un Noir se faire descendre juste parce qu’il est noir et tout part en vrille”. p.43
“La Starr de Williamson retient sa langue quand les gens l’énervent pour que personne ne la voie comme une “Noire en colère””. p.82
“Aujourd’hui, la rue est barrée – une manif. Les gens brandissent des pancartes et des portraits de Khalil en scandant “Justice pour Khalil !”” p.171
“Ça arrive régulièrement et les gens continueront à se révolter jusqu’à ce que ça change”. p.191
“Un jour, papa m’a raconté que tous les hommes noirs portaient en eux la colère de leurs ancêtres. Une colère datant du jour où ils n’avaient pas pu empêcher les esclavagistes de s’en prendre à leur famille”. p.218
“Mes frères et moi avons appris par coeur le programme en dix points des Black Panthers comme d’autres ont appris le serment d’allégeance au drapeau des États-Unis”. p.354